3e Congrès européen des professeurs de français

français, passion pour demain !

4 - 8 septembre
Athènes 2019
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Argumentaire

« Ce qui est vraiment spécifique à une société donnée,
ce ne sont pas tant les valeurs, les croyances,
les sentiments, les habitudes, les langues,
les savoirs, les modes de vie, etc.,
que la façon dont toutes ces caractéristiques changent
 »
(Manuela Carneiro da Cunha, 2007).
 
Les sociétés en mutation sont au cœur de la problématique sociale actuelle. La croissance du rythme de leur transformation à la suite des mobilités parfois massives (migrations volontaires mais aussi contraintes pour des raisons professionnelles, politiques, d’études ou tout court de survie…) attire l’intérêt du monde entier sur leurs incidences perçues souvent comme une « menace », de même que sur leur gestion.

Depuis 2010, l’accent se voit porter sur les différents aspects de la diversité culturelle et ses multiples facettes (voir Rapport de l’Unesco) parmi lesquelles la dynamique linguistique occupe une place prépondérante. Car, les langues ne se limitent pas au rôle de moyen de communication :

  • elles sont perçues aussi bien par les migrant.e.s que par les sociétés d’accueil, comme des indices d’appartenance, puisqu’elles sont « les vecteurs de notre identité, de nos valeurs et de nos conceptions du monde » (cf. notions de « langue identitaire », de « langue d’identification ») ;
  • elles représentent l’instrument par excellence de l’intégration socioculturelle en ce sens qu’elles jouent un rôle important dans la construction des représentations sociales qui, à leur tour, sont susceptibles d’offrir des perspectives de socialisation et d’intégration socioprofessionnelle aux personnes migrantes ;
  • elles constituent incontestablement la manifestation la plus immanente de la diversité et du dialogue interculturels.
Cela dit, les déplacements migratoires imposent des mesures à prendre pour l’accueil des migrant.e.s tout autant que pour leur préparation à la migration (insertion sociale, culturelle et professionnelle). Et il revient à l’éducation de donner aux jeunes les moyens d’acquérir un potentiel intellectuel, un « capital culturel » (Bourdieu, 1980) et un « capital de mobilité » (Murphy-Lejeune, 2002) qui leur permettraient de se préparer à une mobilité socioculturelle et socioprofessionnelle « conceptuelle et intellectuelle » (Gohard-Radenkovic, 2002).
 
La problématique générale de ce congrès invite théoricien.ne.s et praticien.ne.s à réfléchir sur les contenus et les approches didacto-pédagogiques susceptibles d’aider dans la gestion de la nouvelle réalité de la classe de langue-culture qui, à la suite des mouvements migratoires, se caractérise par une hétérogénéité linguistique et culturelle. Elle portera plus précisément sur la question cruciale : Est-ce qu’on pourrait faire de la langue française la passerelle entre cultures, le médium de la compréhension mutuelle et du dialogue interculturel, « le véhicule des événements et des expressions culturelles, des identités, des systèmes de valeurs et des visions du monde » (voir Rapport de l'Unesco) ?

Il s’agit de se demander si et comment la langue française pourrait devenir un moyen d’assurer la cohésion sociale et la participation citoyenne dans des sociétés francophones en mutation ; comment accorder à la langue française une fonction utilitaire dans la gestion des évolutions socioculturelles ; comment faire en sorte que la classe de français langue maternelle/étrangère/de spécialisation… devienne l’espace où les jeunes pourraient enrichir leurs acquisitions sociocognitives et affectives, et développer des compétences transversales transférables à d’autres contextes socioculturels et socioprofessionnels dans l’intention de construire et de promouvoir « la féconde diversité » des cultures du monde. Car, pour assumer adéquatement une situation migratoire, les seules compétences linguistiques ne sauraient suffire à la socialisation dans le nouveau contexte socioculturel et socioprofessionnel : il faut apprendre à réagir et à interagir avec d’autres acteur.rice.s sociaux.ales (cf. co-action sociale), à assumer un rôle de médiation, à s’adapter aux nouvelles situations et réalités socioculturelles, à faire face aux nouveaux défis, à établir des connivences relationnelles, à coopérer et collaborer, à saisir les modalités d’intégration…